LE PURGATOIRE (2)
Pour ce qui est de la doctrine sur le Purgatoire, il faut bien reconnaître que le Catéchisme de l'Église Catholique est peu prolixe. Bien que le degré d'autorité et de certitude lui soit inférieur, puisqu'il relève de la révélation privée et n'oblige pas l'adhésion de foi, on peut cependant se tourner du côté de la mystique chrétienne. L'on rencontre alors le fameux Traité du Purgatoire de sainte Catherine de Gênes († 1510). À ce propos, voici ce que disait le Pape Benoît XVI lors de l'audience générale du 12 janvier 2011 :
Au cours de sa vie toute centrée sur Dieu et sur le prochain, Catherine reçut une connaissance particulière du Purgatoire qu’elle décrit comme "un feu non extérieur mais intérieur" sur le chemin de la pleine communion avec Dieu. Devant l’amour de Dieu, l’âme fait une expérience de profonde douleur pour les péchés commis, alors qu’elle est liée par les désirs et la peine du péché qui la rendent incapable de jouir de la vision de Dieu. Il s’agit en effet, d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. Chers amis, les saints, dans leur expérience d’union à Dieu, atteignent un "savoir" si profond des mystères divins, qu’ils sont une aide pour tous et pour les théologiens dans la recherche de l'intelligence de la foi.
On ne saurait trop souligner l'ouverture d'esprit de Benoît XVI, ce grand théologien, à la sagesse mystique. Cette attitude vraiment modèle nous invite à ne pas rejeter a priori ce que vécut Maria Simma (1915- 2004), favorisée d'un charisme relatif aux âmes du Purgatoire. Dans son livre Les âmes du Purgatoire m'ont dit..., elle raconte comment tout a commencé :
C’est en 1940 que se manifesta pour la première fois à moi une âme du Purgatoire. Entendant quelqu’un aller et venir dans ma chambre, je m’éveillai. Je regardai qui pouvait bien être dans ma chambre. Je vis alors un étranger qui allait et venait lentement. Je l’interpellai d’un ton bourru. « Comment es-tu entré ici ? Qu’as-tu perdu ? Je bondis de mon lit et je voulus l’empoigner. Je ne saisis que de l’air, il n’y avait plus rien. Je retournai au lit et l’entendis de nouveau aller et venir. Une fois encore je me levai, je marchai lentement vers lui, je voulus l’arrêter, une fois encore je fonçai dans le vide. Il n’y avait plus rien...
Après la messe, j’allai chez mon directeur spirituel et lui racontai tout. « S’il arrive encore quelque chose de semblable, ne demande pas « Qui es-tu? », mais « Que veux-tu ? » La nuit suivante, il revint : c’était le même homme que la nuit précédente. Je lui demandai : « Que veux-tu de moi ? » Il me répondit : « Fais célébrer trois messes pour moi et je serai délivré ». Je sus alors que ce devait être une âme du Purgatoire. Je le dis à mon directeur qui me confirma la chose [1].
Les relations de Maria Simma avec les âmes du Purgatoire ne sont pas chose nouvelle dans l'Église. On peut encore citer, par exemple, sainte Gertrudre d'Helfta († 1302), saint (Padre) Pio de Pietrelcina († 1968) et sainte Faustine († 1938) dont voici quelques extraits de son fameux Petit Journal :
518. La veille du jour des Morts, je suis allée, à la nuit tombante, au cimetière qui était fermé. Cependant j’ai entr’ouvert la porte et j’ai dit : "Si vous attendez de moi quelque chose, mes petites âmes, je le ferai volontiers si la règle le permet". Alors j’ai entendu ces mots : "Fais ce que Dieu veut. Nous sommes heureuses dans la mesure où nous avons accompli la volonté de Dieu".
519. Le soir, ces âmes sont venues et m’ont demandé de prier pour elles, ce que j’ai fait et longuement. Et le soir, quand la procession revenait du cimetière, j’ai vu un grand nombre d’âmes qui nous accompagnaient à la chapelle. Il y en avait qui priaient avec nous. J’ai beaucoup prié, car j’avais la permission de mes supérieures.
520. Pendant la nuit, je fus à nouveau visitée par une âme que j’avais déjà vue autrefois. Elle ne m’a pas demandé de prier pour elle, mais elle me fit des reproches disant qu’autrefois j’étais très vaniteuse et orgueilleuse. Et voilà que maintenant j’intercédais pour les autres, alors que j’avais encore des défauts. J’ai répondu que j’étais très orgueilleuse et vaniteuse ; mais que je m’en étais confessée, que j’avais fait pénitence pour ma stupidité, et que j’avais confiance en la bonté de mon Dieu. Si je tombais parfois maintenant, c’était plutôt involontairement, jamais avec préméditation, même dans les plus petites choses. Cependant cette âme se mit à me reprocher de méconnaître sa grandeur, universellement reconnue pour ses grandes actions : "Pourquoi es-tu la seule à ne pas me louer ?" Soudain, j’ai compris que c’était le démon sous l’aspect de cette âme, et j’ai dit : "La gloire n’est due qu’à Dieu. Va-t’en Satan !" Aussitôt cette âme tomba dans un gouffre effrayant, impossible à décrire. Et je lui ai dit que j’en parlerai à toute l’Église.
594. À un certain moment, une religieuse décédée qui était déjà venue me trouver plusieurs fois, m’est apparue. Quand je la vis pour la première fois, elle souffrait la torture, puis graduellement ses souffrances diminuèrent et cette fois, je la vis rayonnante de bonheur. Elle me dit qu’elle était déjà au Ciel [...]. Puis elle s’est approchée de moi et me serrant cordialement, elle m’a dit : "Je dois déjà partir". J’ai compris à quel point la communication est étroite entre les trois étapes de la vie de l’âme, c’est-à-dire : la Terre, le Purgatoire et le Ciel.
[1] De Maria Simma, on pourra lire aussi : L'étonnant secret des âmes du Purgatoire, et Derniers témoignages de Maria Simma.