LA MATERNITÉ DIVINE DE MARIE

 

Pourquoi le Fils éternel du Père, a-t-il préféré naître d'une femme plutôt que de descendre directement du Ciel ?

Parce qu'il convenait que la rédemption du genre humain soit accomplie par un homme en tout semblable à ceux qu'il vient sauver ; qu'elle soit accomplie par le parfait médiateur entre Dieu et les hommes, qui soit à la fois vrai Dieu et vrai homme.Dans la tradition biblique, le go'el est nécessairement de la parenté de celui qu'il rachète (cf. par exemple Rt 3, 19). En assumant une nature humaine, le Verbe se mettait au niveau de ceux qu'il voulait sauver tout en devenant pour eux un parfait modèle à imiter, et il accomplissait la plus grande communication de Dieu à l'homme. Par sa maternité divine, Marie a rattaché le Sauveur à la race humaine.

Marie a conçu le Christ en son esprit (par sa foi : cf. par exemple S. Augustin, Sermon 65A, 6 ; 215, 4) avant de le concevoir en sa chair. Marie a mérité sa maternité par sa foi (quia quem meruisti portare, comme dit le texte de l'antienne mariale Regina coeli), mais c'est un mérite de convenance, car la grâce est toujours première. C'est Dieu qui nous donne de mériter.

La maternité de Marie manifeste sa foi dans sa chair. De même, notre foi doit être manifestée dans notre chair par nos œuvres.

Pourquoi peut-on parler de Marie comme de la Mère de Dieu ?

Parce que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Trinité, est né de Marie selon la chair, selon l'humanité. La Personne divine du Verbe a assumé la nature humaine en et de Marie. Mais peut-on vraiment parler de Marie comme Mère de Dieu, puisque celle-ci ne donne pas la personnalité à son fils, la Personne du Verbe existant en effet de toute éternité ? Certes, Marie ne confère pas au Christ sa personnalité, mais toute mère non plus ne confère pas à son fils son âme, et donc toute mère ne confère pas non plus à son fils sa personnalité. Toutefois celle qui conçoit un enfant est vraiment mère du sujet tout entier, corps et âme, donc de la personne qui subsiste dans ce composé humain. C'est pourquoi il est tout à fait convenable de parler de Marie comme de la Mère de Dieu lorsqu'elle conçoit Jésus en son sein.

Voici ce que dit le Catéchisme de l'Église Catholique au n° 466 : L’hérésie nestorienne voyait dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du Fils de Dieu. Face à elle S. Cyrille d’Alexandrie et le troisième Concile œcuménique réuni à Ephèse en 431 ont confessé que "le Verbe, en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est devenu homme" (DS 250). L’humanité du Christ n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. Pour cela le Concile d’Ephèse a proclamé en 431 que Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein : "Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, mais parce que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair " (DS 251).

L'Annonciation (Lc 1, 26-37)

Le récit de l'Annonciation établit deux points en lesquels réside la spécificité de la maternité de Marie : 1 – la conception virginale de l'enfant par l'action de l'Esprit Saint ; 2 – la personnalité divine de l'enfant. La maternité de Marie est donc divine en son mode (conception virginale par l'action de l'Esprit Saint) et en son terme (personnalité divine de l'enfant).

Marie a non seulement connu et accepté une conception virginale, mais également l'identité de Celui qui allait naître de cette conception, le Verbe incarné. Ce qui a été progressif dans la connaissance et la volonté de Marie fut la façon précise dont son fils sauverait le monde et son adhésion à ce dessein.

Par le consentement qu'il a voulu demander à Marie, Dieu souhaitait la rendre mère au sens le plus humain et intégral, c'est-à-dire par toute sa personne, et non pas seulement par son activité biologique.

La grâce de la maternité divine

Le concile Vatican II parle de la maternité divine de Marie comme d'un « don d'une grâce exceptionnelle (eximia) qui la place bien au-dessus de toutes les créatures du ciel et de la terre » (LG n° 53). Qu'est-ce à dire ? Cette grâce est exceptionnelle en ce sens très probable qu'elle est toute ordonnée à l'incarnation du Verbe pour qu'il soit la source de toute grâce pour l'humanité. La maternité divine de Marie est ordonnée au don de la grâce sanctifiante aux Hommes. Elle est donc un charisme, une grâce à finalité communautaire, mais un charisme exceptionnel parce qu'opérant en même temps la sanctification de la bénéficiaire.

La grâce de la maternité divine donnée à Marie « la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre » (LG n° 53) ; « Marie a été élevée par la grâce de Dieu, après son Fils, au-dessus de tous les anges et de tous les Hommes comme Mère très sainte de Dieu » (LG n° 66).

L'excellence de la grâce reçue par Marie va se retrouver dans l'agir de celle-ci, et fondera son rôle de médiatrice, sa maternité ecclésiale (Marie, Mère de l'Église). "La Vierge Marie (...) est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur (...). Elle est aussi vraiment ‘Mère des membres [du Christ] (...) ayant coopéré par sa charité à la naissance, dans l’Église, des fidèles qui sont les membres de ce Chef’ (S. Augustin, virg. 6 : PL 40, 399) " (LG 53).

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