COLLECTE : JOUR 10

Chers amis,

Hier, je vous ai parlé de la charité au sens humaniste qui est un amour bienveillant prenant en compte la personne dans ses besoins matériels, corporels et spirituels, sans faire référence à Dieu, Bien suprême de l’être humain, ou alors de manière insuffisante. Aujourd’hui, j’aimerais vous entretenir de la charité au sens chrétien.

Deus caritas est, Dieu est charité, Dieu est amour. Vous reconnaissez en ces mots le titre de la première encyclique du Pape Benoît XVI tiré de la première lettre de St Jean au chapitre 4 versets 8 et 16. Jusqu'ici, j’ai traité d'une charité que l'homme exerce pour l'homme, lui-même et autrui, en s'appuyant habituellement sur ses propres forces.

La charité chrétienne, elle, puise son énergie, son dynamisme, en Dieu et se vit non seulement pour soi-même et pour les autres, mais avant tout pour Dieu. Cette charité a Dieu pour origine et pour fin. C'est pourquoi elle n'est pas à proprement parler un amour de bienveillance, mais un amour d'amitié.

Suivant la Révélation que nous a faite Jésus-Christ, le premier, principal et parfait amour d'amitié se vit en Dieu-même entre le Père, le Fils et l'Esprit Saint dans un bonheur éternel et infini. Cette charité sans mesure qu'Il est lui-même, Dieu veut y faire participer les hommes et c'est la raison pour laquelle Il nous a créés. Quelles que soient les circonstances de la conception d'un être humain, Dieu, par amour, demeure fidèle à son dessein initial en infusant une âme dans le corps du nouvel être qui vient d'apparaître, parce qu'Il veut lui donner de prendre part à sa vie bienheureuse. Cette vérité est évidemment très consolante.

L'entrée en participation de la vie divine se réalise lors du sacrement de Baptême, nouvelle naissance, non plus selon la nature, mais selon la grâce, qui fait de l'homme un enfant de Dieu. Cette grâce, greffée sur l'âme, cause une surélévation de l'intelligence en l'ennoblissant par la vertu de foi, ainsi qu'une surélévation de la volonté en lui donnant les vertus d'espérance et de charité. Ainsi l'homme commence à connaître et à aimer Dieu tel que Dieu se connaît et s'aime, et tel qu'Il connaît et aime ses créatures. Ces trois vertus théologales sont ensuite fortifiées par le sacrement de Confirmation et surtout développées par celui de l'Eucharistie.

Dès lors, la charité chrétienne est avant tout un amour d'amitié entre Dieu et l'homme, où le premier se donne au second et lui donne de pouvoir lui rendre amour pour amour dans toutes ses activités qu'elles soient religieuses ou profanes. Le Catéchisme de l'Église catholique la définit comme « la vertu théologale par laquelle nous aimons Dieu par-dessus toute chose pour Lui-même, et notre prochain comme nous-même pour l'amour de Dieu » (CEC 1822). Son effet immédiat est donc l’union à Dieu et, si nous aimons les hommes, jusqu'à nos ennemis, ce n’est qu’en référence à Dieu auquel va notre amitié de charité. « L'amitié que nous avons pour un ami, écrit St Thomas d'Aquin, peut être si grande qu'à cause de lui nous aimions ceux qui lui sont liés, même s'ils nous offensent ou nous haïssent. C'est de cette manière que notre amitié de charité s'étend même à nos ennemis : nous les aimons de charité, en référence à Dieu auquel va principalement notre amitié de charité » (IIa IIae, q. 23, a. 1, ad 2). Par la charité chrétienne que nous exerçons à leur égard, nous disons aux hommes qu'ils sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, et qu'ils sont appelés à la vie éternelle.

Notons simplement pour conclure ce bref entretien sur la nature de la charité chrétienne que si le commerce de la charité entre Dieu et l'homme, et entre l’homme et l’homme, demeurera toujours imparfait ici-bas, il atteindra néanmoins sa perfection dans la gloire, quand chacun de nous verra Dieu face à face.

En remerciant Alvine et Eneme pour leurs dons d’hier, en tout 75€, en rendant grâce au Seigneur pour cette source charitable qui ne se tarie pas, et en le priant pour qu’elle devienne torrent en faveur de cette famille éprouvée, je vous bénis de tout cœur. Gloire à Dieu dont les pensées ne sont pas nos pensées !

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