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Sur l'aumône

L’AUMÔNE SELON DIEU

Jésus, le Christ, dans son fameux enseignement sur la montagne tel que nous le rapporte l’évangile selon St Matthieu, mentionne trois formes de piété et de pénitence : l’aumône, la prière et le jeûne (Mt 6, 1-18) « qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres » (CEC 1434).

Arrêtons-nous ici sur l’aumône en écoutant tout d’abord les paroles de Jésus à ce sujet :

Quand donc tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. En vérité je vous le dis : ils ont reçu leur salaire. Mais toi, en faisant l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite afin que ton aumône soit faite dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te paiera de retour.

Le mot « aumône » qui traduit ici le grec eleemosunè en est le dérivé à travers le latin, comme l’enseigne par exemple la 9e édition du dictionnaire de l’académie française qui donne de ce mot la définition suivante : l’aumône est un « Don charitable fait à une personne nécessiteuse, misérable ». Rien n’est dit sur la nature de ce don ; par contre le bénéficiaire est clairement désigné comme une personne dans le besoin. Le geste de l’aumône procède donc de la miséricorde du donateur face à la misère d’autrui. En grec, les termes « aumône », eleemosunè, et « miséricorde », eleos, ont d’ailleurs même racine. À chacun donc de voir la misère de l’autre, qu’elle soit matérielle, corporelle, intellectuelle, psychologique ou spirituelle, et de lui venir en aide selon ses possibilités.

Si, extérieurement, l’aumône est un acte bon pour le bénéficiaire, la motivation intérieure du donateur peut venir gâter sa bonté quant à lui. C’est pourquoi Jésus stigmatise l’intention perverse qu’est la vaine gloire, ce désir subtil de se faire en quelque sorte adorer qui constitue une insulte à la gloire de Dieu et qui peut surgir dans l’espace sacré – les synagogues – comme dans l’espace profane – les rues. Cette gloire est vaine parce qu’elle vient des hommes et passe avec eux, s’évanouissant aussi vite que la brume du matin quand le soleil se lève. Jésus exhorte au contraire à faire l’aumône de manière secrète sous le seul regard du Père céleste à qui rien n’est caché. Afin d’insister sur la nécessité du secret, il recourt à une expression saisissante : « Que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite ». De la sorte cet acte sera vraiment bon et méritera d’être récompensé par le Père : « Ton Père qui voit dans le secret te paiera de retour ». Quelle est cette récompense sinon une union plus grande à Lui et finalement l’entrée dans la Vie éternelle comme le montre la péricope évangélique du Jugement dernier : « J’avais faim, vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, vous m’avez accueilli ; j’étais nu, vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ».

Notons pour finir que des trois formes de piété et de pénitence mentionnées par Jésus dans son enseignement sur la montagne, l’aumône, qui est une attention au pauvre, vient en première. L’amour de Dieu passe d’abord par l’amour des hommes créés à son image et à sa ressemblance.