LE PURGATOIRE (4)
La page précédente, Le Purgatoire (3), se terminait sur la notion d'âme errante. Celle-ci n'est pas traditionnelle dans le catholicisme. Elle est même dénoncée par certains comme contraire au dogme du jugement particulier rapporté au n° 1022 du Catéchisme de l'Église Catholique :
1022 Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du Ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours.
Mais qu'entend-on exactement par ''âme errante'' ? Il s'agirait de l'âme d'une personne humaine morte et cependant encore retenue à notre monde pour diverses raisons : attachement à une autre personne, à un lieu, à un bien matériel, à un désir non réalisé, ignorance de sa propre mort...
Selon cette définition, l'âme en question semble de fait en dehors des trois états possibles post mortem professés par la foi catholique. Pourtant, le phénomène des âmes errantes a été constaté et est constaté encore aujourd'hui par diverses personnes dignes de confiance. Ainsi, le psychiatre anglican Kenneth McAll († 2001) a écrit plusieurs livres relatant son vécu à ce sujet, à commencer par le fameux Healing the haunted, traduit en français sous le titre Aux secours des âmes errantes.
Du côté catholique, on peut citer le Père José Fortea que son expérience d'exorciste pour le diocèse de Madrid a conduit à la rédaction d'un merveilleux petit livre de réflexion théologique sur Le problème des âmes errantes. Monsieur Arnaud Dumouch s'est lui aussi beaucoup investi dans cette recherche : l'un des apports décisifs de celle-ci me semble être sa définition de la mort non plus comme instant, mais comme moment et passage (plus ou moins long selon les dispositions de la personne) ; d'où ces affirmations dans son ouvrage L'heure de la mort : "Si une âme reste, même pendant plusieurs siècles, à errer sur terre sans passer dans l'autre monde, c'est qu'elle est encore dans l'heure de sa mort" (note 93) ; "Il peut exister des âmes qui restent bloquées dans la mort, c'est-à-dire entre ce monde et l'autre" (note 101). Leur destinée éternelle n'étant pas encore accomplie, nous pouvons donc les aider. Comment ? Par la prière bien sûr, mais aussi par l'évangélisation quand elles entrent en contact avec nous, et ceci un peu à la manière du Christ qui "s'en est allé prêcher aux esprits en prison" (1 P 3, 19), c'est-à-dire, comme l'explique le Catéchisme de l'Église Catholique, qui est descendu en son âme et en Sauveur au séjour des morts pour proclamer la Bonne Nouvelle aux esprits qui y étaient détenus (n° 632 ; cf. 1 P 4, 6).