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LE SENS CHRÉTIEN DE LA SOUFFRANCE HUMAINE (5)
LECTURE DE LA LETTRE APOSTOLIQUE SALVIFICI DOLORIS (11 février 1984)
DU PAPE JEAN-PAUL II


L'Évangile de la souffrance

 

« L'Évangile de la souffrance, cela veut dire non seulement la présence de la souffrance dans l'Évangile comme l'un des thèmes de la Bonne Nouvelle, mais également la révélation de la force salvifique et du sens salvifique de la souffrance dans la mission messianique du Christ et, ensuite, dans la mission et la vocation de l'Église » (n° 25). Cet Évangile, le Christ l'a écrit avant tout par sa propre souffrance assumée par amour pour la vie du monde. Sa mère y a pris part d'une manière sin­gulière par toute son existence. Et, à ceux qui l'écoutaient, le Christ n'a pas caché la nécessité de la souffrance : « Si quelqu'un veut venir à ma suite..., qu'il se charge de sa croix chaque jour » (Lc 9,23), leur montrant aussi les persécutions qui les attendent dans l'annonce de la Bonne Nouvelle (cf. Lc 21,12-19). Cette souffrance dans la mission d'évangélisation, écrit Jean-Paul II, sera « en même temps comme un test particulier de ressemblance au Christ et d'union avec lui » (n° 25).

 

« Si le premier grand chapitre de l'Évangile de la souffrance est écrit au cours des générations par ceux qui souffrent des persécutions pour le Christ, en même temps que lui un autre grand chapitre de cet Évangile se déploie tout au long de l'histoire. Il est écrit par tous ceux qui souffrent avec le Christ, en unissant leurs souffrances humaines à sa souffrance salvifique » (n° 26).

 

L'expérience des siècles l'a montré, notamment la vie des saints, « dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l'homme du Christ, une grâce spéciale » (n° 26). Parce qu'il a connu la souffrance la plus grande, le Christ se « trouve au plus profond de toute souf­france humaine et peut agir de l'intérieur par la puissance de son Esprit de vérité, de son Esprit consolateur » (n° 26).

 

Mais, reconnaît le Pape, un tel processus intérieur s'établit en général avec difficulté. Les Hommes abordent la souffrance avec des dispositions différentes. La protestation néanmoins est presque tou­jours la première réaction : « Pourquoi cette souffrance ? » Même si la personne qui souffre pose cette question au Christ, « il faut parfois du temps, et même beaucoup de temps, pour que la réponse commence à être perçue intérieurement. Le Christ, en effet, ne répond ni directement ni de manière abstraite à cette interrogation humaine sur le sens de la souffrance. l'homme entend sa réponse sal­vifique au fur et à mesure qu'il devient participant des souffrances du Christ » (n° 26). La réponse alors donnée est plus qu'une réponse abstraite. Elle est une vocation. « Le Christ n'explique pas abs­traitement les raisons de la souffrance, mais avant tout il dit : “Suis-moi !” [...] et au fur et à mesure que l'homme prend sa croix, en s'unissant spirituellement à la Croix du Christ, le sens salvifique de la souffrance se manifeste davantage à lui » (n° 26). De ce fait, la paix et la joie spirituelles ne sont plus incompatibles avec la souffrance.

 

La découverte du sens salvifique de la souffrance tel que S. Paul l'exprime aux Colossiens – « Je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous » – permet de « surmonter le sentiment de l'inutilité de la souffrance », de l'inutilité d'une vie qui n'en semble plus une. La personne qui souffre et qui offre ses souffrances en union avec le Christ est utile au salut des autres. Elle « ac­complit un service irremplaçable » parce que sa « souffrance, plus que tout autre chose, ouvre le chemin à la grâce qui transforme les âmes » et « rend présentes dans l'histoire de l'humanité les forces de la Rédemption » (n° 27).

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